Ce mercredi 10 octobre, l’USADA a publié la documentation complète liée à son enquête sur Lance Armstrong. Parmi les personnes qui ont témoigné figurent Frankie Andreu, Tyler Hamilton, Floyd Landis, Stephen Swart, mais aussi sept éléments encore en activité dans le cyclisme : le manager de Garmin-Sharp Jonathan Vaughters, ses coureurs Christian Vande Velde, David Zabriskie et Thomas Danielson, celui d’OPQS Levi Leipheimer, ainsi que George Hincapie et Michael Barry, qui vont prendre leur retraite. Ils s’exposent tous à une suspension de six mois pour avoir admis s’être dopé durant leur carrière, sanction qui pourrait s’étendre jusqu’au mois de mars prochain.

Hincapie dit publiquement avoir triché

Quelques instants après la communication de l’USADA, George Hincapie a réagi sur son site internet, reconnaissant publiquement avoir triché durant sa carrière : « Il m’est extrêmement difficile de reconnaître aujourd’hui que j’ai utilisé des substances interdites pendant ma carrière. A mon début de carrière, il m’a semblé clair qu’il fallait que je le fasse, en raison de l’utilisation généralisée du dopage par les meilleurs coureurs. Il n’était pas possible d’évaluer à ce niveau de compétition sans cela. Je regrette profondément ce choix et je m’excuse sincèrement auprès de ma famille, de mes coéquipiers et de mes supporters. » Big George assure du même coup qu’il ne s’est pas dopé pendant toute sa vie de coureur : « J’ai été clean et je n’ai pas utilisé de produits dopants durant les six dernières années de ma carrière. Depuis 2006, je travaille dur pour me débarrasser du dopage. Et j’ai réussi à courir au plus niveau malgré tout, tout en aidant des jeunes coureurs à faire les bons choix, leur certifier que le cyclisme a changé. »

Idem pour Barry

Le Canadien Michael Barry a ensuite imité George Hincapie en utilisant d’ailleurs un champ lexical identique. L’actuel coureur de Sky, lui aussi retraité depuis quelques jours, livre sa brève confession : « J’ai atteint mon but quand j’ai signé un contrat avec l’US Postal en 2002. Immédiatement, j’ai réalisé que la réalité n’était pas comme je l’avais rêvée. Le dopage était devenu un problème épidémique dans le cyclisme professionnel. J’ai franchi une ligne que j’avais promis aux autres et à moi-même de ne pas franchir. Je me suis dopé. C’est une décision que je regrette profondément. Cela m’a causé des nuits blanches, m’a ôté le plaisir de rouler et de courir, et a terni mes succès. Ce n’était pas comme cela que je voulais vivre. » Comme George Hincapie, Michael Barry promet avoir arrêté de se doper après l’arrêt de Discovery Channel en 2006.

Tir groupé chez Garmin

  

Thomas Danielson, Christian Vande Velde et David Zabriskie courent tous chez Garmin-Sharp et ont témoigné contre Lance Armstrong. Dans un communiqué de presse de l’équipe américaine, les trois hommes avouent s’être dopé. Danielson dit qu’une fois qu’il était à l’US Postal, il n’avait « pas le choix ». Vande Velde raconte la même chose mais dit quant à lui qu’il a « eu tort » de penser qu’il n’avait pas le choix. Zabriskie est celui qui se livre le plus : il explique qu’il a voulu résister au système de l’équipe texane. Il a tendu une semaine. Garmin-Sharp a manifesté son soutien, à 100%, aux trois coureurs, qui affirment avoir rejoint cette structure dans le but de se sortir de l’enfer. Mais la formation de Jonathan Vaughters, qui a également témoigné mais a avoué s’être dopé il y a déjà un mois, va certainement perdre ses cadres pendant quelques temps…


Les 202 pages qui achèvent Armstrong 

 

Ça y est, enfin, la documentation complète de l’enquête de l’USADA sur Lance Armstrong est en ligne. Un pavé de 202 pages dont la simple lecture de la table des matières démontre que le dossier est très sérieux. Les preuves et témoignages s’enchaînent dans ce qui s’inscrira, dans l’Histoire du cyclisme, comme le Grand Livre de la fin d’une époque écoeurante. 

Reasoned Decision

Un sommaire qui a des allures d’énumération de tout ce que l’on raconte et ce que l’on n’a pas encore raconté sur Lance Armstrong depuis des années. Page 15 : chronologie des preuves de la possession, utilisation, trafic, administration de produits interdits améliorant la performance et autres évènements relatifs. Ca commence en 1998 et pour chaque année passée en revue, les sous-parties sont nombreuses…

1998

- Possession et utilisation d’EPO sur le Tour d’Espagne
- Possession et utilisation de cortisone
- Utilisation d’un sérum sur les Championnats du monde

1999

- Focus sur le Tour de France
- L’agence tous risques
- Ca devient sérieux avec le Docteur Ferrari
- Le système de livraison de produits dopants de l’US Postal
- Possession et utilisation d’EPO
- Motoman : le plan pour récupérer l’EPO sur le Tour de France
- Le Tour de France
- Contrôle positif à la cortisone
- Utilisation d’EPO sur le Tour de France
- Utilisation et administration de testosterone sur le Tour de France
- Sestrières
- Christophe Bassons
- Sept témoins et une confirmation scientifique

2000

- Implication d’Armstrong dans le programme de dopage sanguin de l’US Postal
- Utilisation de testostérone et contrôle antidopage évité en Espagne
- Deuxième Tour de France remporté
- Dopage sanguin sur le Tour 2000
- Enquête française et l’Actovegin

2001

- Présence de Ferrari au camp d’entraînement de l’US Postal
- Armstrong continue son implication dans le dopage sanguin
- Possession, utilisation et traffic d’EPO
- Contrôle suspect à l’EPO au Tour de Suisse
- Possession et utilisation de testostérone
- Controverse autour de la relation d’Armstrong et Ferrari

2002

- Floyd Landis
- Landis commence à travailler avec Ferrari
- Possession, utilisation et traffic de testostérone
- Armstrong continue son implication dans le dopage sanguin
- Application du programme de dopage de l’équipe US Postal

2003

- Armstrong continue son implication dans le dopage sanguin
- Utilisation du dopage sanguin et de l’EPO sur le Tour de France
- Armstrong reçoit l’aide de Tyler Hamilton
- Possession, utilisation, traffic et administration d’EPO et/ou de testostérone

2004

- Armstrong continue de travailler avec Ferrari
- Utilisation de testostérone
- Dopage sanguin et EPO sur le Tour de France
- Altercation avec Filippo Simeoni sur le Tour
- Ferrari convaincu de fraude sportive, fin de la relation avec Armstrong

2005

- Utilisation de transfusions sanguines
- Possession, utilisation et administration d’EPO
- Hincapie ratisse l’appartement d’Armstrong
- Mise en scène avec Ferrari

2009-2012

- Mise en scène avec Ferrari
- Preuves de dopage sanguin

Le système Armstrong

Le rapport explique quels étaient les hommes-clé du système Armstrong. On connait déjà leurs noms : Ferrari, Bruyneel, Garcia del Moral, Celaya, Marti. Il explique aussi comment les contrôles positifs étaient évités. Comment ils utilisaient des substances indétectables. Comment ils avaient cerné les limites de la lutte antidopage. Comment ils tiraient profit de l’utilisation de serums et de microdoses d’EPO.

Les preuves scientifiques

A partir de la page 139, on retrouve des preuves scientifiques d’utilisation de produits dopants sur le Tour de France 1999 (les mêmes procès verbaux que ceux dévoilés par L’Equipe en 2005), sur le Tour de Suisse 2001. Est également démontré l’utilisation du dopage sanguin sur les éditions… 2009 et 2010. Celles de sa troisième carrière.

Les témoins

Si personne n’avait osé témoigner contre Lance Armstrong, l’USADA n’aurait pas pu constituer ce dossier édifiant. Et le clan du Texan le savait bien. Toute une partie du rapport renvoie à des intimidations et rétorsions, contre Filippo Simeoni, Tyler Hamilton, Levi Leipheimer, Betsy Andreu, Prentice Steffen, Jonathan Vaughters, Christophe Bassons, Floyd Landis.

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